Née à Paris, le 1er avril 1776
Mathématicienne révolutionnaire
Selon tous les témoignages, Sophie Germain était une enfant quelque peu retirée.Elle est la deuxième des trois filles d’un marchand de soie parisien, Ambroise-François Germain. Une sœur a épousé un fonctionnaire et l’autre un médecin. Sophie ne s’est jamais mariée, a vécu à la maisontoute sa vie, et a poursuivi ses études de mathématiques avec ce que ses récents biographes appellent « une passion et un dévouement sans limites. »*
Son premier biographe, un mathématicien italien nommé Libri, est la source de deux histoires racontées sur Germain qui semblent cadrer sa personnalité. À l’âge de 13 ans, alors qu’on parlait de la révolution dans sa maisonnée, elle se retira dans la bibliothèque de son père.Là, elle a lu à propos d’Archimède, tellement absorbé par ses réflexions mathématiques qu’il a ignoré un envahisseur romain de Syracuse, qui l’a alors abattu. Elle a peut-être vu dans les mathématiques d’Archimède « un environnement où elle aussi pouvait vivre épargnée par la confusion de la réalité sociale. »** Elle a étudié les mathématiques par elle-même, et Libri raconte que ses parents étaient tellement opposés à son comportement qu’elle s’est mise à étudier la nuit. Ils ont répondu en laissant son feu éteint et en prenant ses bougies. Sophie a quand même étudié, emmaillotée dans des couvertures, à la lumière de bougies de contrebande.
Lors de la création en 1795 de l’Ecole Polytechnique, que les femmes ne pouvaient fréquenter, Germain se lia d’amitié avec les étudiants et obtint leurs notes de cours. Elle a soumis un mémoire au mathematicianJ. L. Lagrange sous le nom d’un étudiant. Lagrange a vu talentin dans l’œuvre, a cherché l’auteur et a été surpris de découvrir qu’il avait été écrit par une femme. Elle a continué à étudier, en correspondantavec les plus grands mathématiciens de l’époque.
Ses travaux mathématiques sont passés de la théorie des nombres à des méthodes plus appliquées. L’occasion a été la démonstration par un visiteur de toParis, un E. F. F. Chladni, de motifs curieux produits sur de petites plaques de verre recouvertes de sable et joués, comme si les plaques étaient des violons, à l’aide d’un archet. Le sable s’est déplacé jusqu’à atteindre les nœuds, et la gamme de motifs résultant du « jeu » de différentes notes a suscité une grande excitation parmi les polymères parisiens. C’était la première « visualisation scientifique » de bidimensionnelmouvement harmonique. Napoléon a autorisé un prix extraordinaire pourla meilleure explication mathématique du phénomène, et un concours a été publié.
L’entrée de Sophie Germain était la seule. Bien qu’il contienne des lois mathématiqueset ait été rejeté, son approche était correcte. Tous les autres participants possibles au concours étaient prisonniers du paramètre de décision, compte tenu de la structure moléculaire sous-jacente théorisée pour les matériaux. Les méthodologies mathématiques appropriéesà la vue moléculaire ne pouvait pas faire face au problème. Mais l’Allemagne n’était pas si encombrée.
Divers mathématiciens l’ont aidée à poursuivre une nouvelle application, et elle a remporté le prix à sa troisième tentative, en 1816. Le prix public lui a valu une certaine attention. Mais son sexe la soutenait « toujours à l’extérieur, comme un étranger, à une distance de la culture scientifique professionnelle. »
Peut-être qu’un seul génie comme Germain a été constitué pour prospérer dans un tel isolement, laissant son travail d’intelligence pure comme un phare aux générations ultérieures de femmes qui ont osé faire des mathématiques pour la joie de cela.
* Louis L. Bucciarelli et Nancy Dworsky, 1980 : Sophie Germain: Un essai dans l’Histoire de la Théorie de l’Élasticité (Dordrecht: D. Reidel), p. 10.
** Ibid. (Mais en fait, elle a tiré la mauvaise conclusion. Archimède n’est pas mort pour sa distraction, mais il était une cible des soldats romains précisément parce qu’il avait été le « cerveau » derrière les défenses syracusaines, dirigeant la construction de catapultes et développant même un système de miroirs pour focaliser la lumière sur les navires romains et mettre le feu à leurs voiles.)
Ibid., p. 30.