André Malraux (3 novembre 1901 – 23 novembre 1976) est un écrivain, aventurier et homme d’État français éminent dans le monde de la politique et de la culture française de son vivant. Ses expériences en Indochine influenceront fortement son développement intellectuel. Il est devenu un anticolonialiste fort et, comme beaucoup d’intellectuels au début du XXe siècle, il a gravité vers le socialisme. Outre ses romans, qui comprenaient le Destin de l’Homme, il était très actif politiquement, combattant pour les Républicains pendant la Guerre civile espagnole et avec la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale.
Biographie
André Malraux est né le 3 novembre 1901 à Paris. Ses parents se sont séparés en 1905 et ont finalement divorcé. Il est élevé par sa mère, Berthe Lamy, et sa grand-mère maternelle, Adrienne Lamy. Son père, courtier en valeurs mobilières, se suicide en 1930.
Malraux a étudié les langues orientales à l’École des Langues Orientales mais n’a pas obtenu son diplôme. À l’âge de 21 ans, il part pour le Cambodge avec sa nouvelle épouse, Clara Goldschmidt, une héritière juive allemande qu’il épouse en 1921 et dont il divorce en 1946. (Ils eurent une fille, Florence, née en 1933, qui épousa le cinéaste Alain Resnais.) Au Cambodge, il a été arrêté et presque emprisonné pour avoir tenté de sortir clandestinement un bas-relief du temple de Banteay Srei.
À la suite de ses expériences là—bas, il devient très critique à l’égard des autorités coloniales françaises en Indochine et participe en 1925 à l’organisation de la Ligue de la Jeune Annam – il fonde également le journal Indochine in Chains.
À son retour en France, il publie son premier roman, La Tentation de l’Occident (1926). Suivent Les Conquérants (1928), La Voie Royale (1930) et Le Destin de l’Homme (1933). Pour ce dernier, un roman puissant sur la défaite d’un régime communiste à Shanghai et les choix des perdants, il remporte le Prix Goncourt de littérature 1933. Mayrena, un roman sur l’aventurière française excentrique Marie-Charles David de Mayrena, conquérante des hauts plateaux du Vietnam et premier roi des Sedangs, fait partie de son œuvre non publiée.
Dans les années 1930, Malraux participe à des expéditions archéologiques en Iran et en Afghanistan. Il fonde avec Louis Aragon l’Association Internationale des Écrivains pour la Défense de la Culture.
Pendant la Guerre civile espagnole, Malraux servit de pilote pour les forces républicaines. Son escadron a acquis quelque chose du statut d’une légende après avoir presque anéanti une partie de l’armée nationaliste lors de la bataille de la Sierra Guadalupe à Medellín. Il a été blessé à deux reprises lors des efforts visant à arrêter la prise de Madrid par les falangistes. Il a fait une tournée aux États-Unis pour tenter de collecter des fonds pour les républicains. Un roman sur ses expériences de la guerre d’Espagne, L’espoir de l’homme, est paru en 1938.
Seconde Guerre mondiale et après
Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Malraux rejoint l’Armée française et sert dans une unité de chars. Il est capturé en 1940 lors de l’Offensive occidentale mais s’échappe et rejoint la Résistance française. Il fut de nouveau capturé par la Gestapo en 1944 et, bien qu’il ait subi une exécution simulée, fut sauvé par des membres de la résistance. Il finit par diriger la Brigade Alsace-Lorraine dans la défense de Strasbourg et dans la prise de Stuttgart. Il a reçu la Médaille de la Résistance, la Croix de Guerre et l’Ordre du Service distingué britannique.
Pendant la guerre, il a travaillé sur un long roman, La Lutte contre l’Ange, dont le manuscrit a été détruit par la Gestapo lors de sa capture en 1944. Un livre d’ouverture survivant à La Lutte contre l’Ange, nommé Les Noyers d’Altenbourg, a été publié après la guerre. Ce serait son dernier roman.
Il a deux fils de Josette Clotis : Pierre-Gauthier (1940-1961) et Vincent (1943-1961). Josette a été tuée dans un accident en 1944 alors que Malraux se battait en Alsace, après avoir glissé en montant dans un train. Leurs deux fils mourront dans un seul accident de voiture, dix-sept ans plus tard.
Malraux rencontra le général Charles De Gaulle pendant la guerre ; après la fin de celle-ci, De Gaulle nomma Malraux ministre de l’Information (1945-1946), poste qu’il occupa pendant dix ans. Après la guerre, Malraux tourne le dos à la fiction, préférant se concentrer sur l’art et l’esthétique. Il a développé le concept de « Musée Sans murs » pan-culturel dans des livres tels que Voices of Silence. Il redevient ministre de l’Information en 1958, puis premier ministre de la Culture de France de 1960 à 1969. Durant son mandat, il crée les célèbres maisons de la culture dans toute la France et œuvre à la préservation des monuments nationaux.
En 1948, Malraux épouse Marie-Madeleine Lioux, pianiste de concert et veuve de son demi-frère Roland Malraux. Ils se sont séparés en 1966.
L’ancienne Première dame Jacqueline Kennedy était l’une de ses plus grandes admiratrices et a organisé un dîner en son honneur à la Maison Blanche en 1961. Les deux sont devenus amis et ne se parlaient qu’en français.
Dans les années 1960 et 1970, il écrit des livres sur Pablo Picasso, qu’il connaît bien, et Charles de Gaulle, ainsi qu’une autobiographie (Antimémoires). Pendant ce temps, il écrit également une importante série d’œuvres sur l’art (La Métamorphose des dieux) dans laquelle il rejette l’idée que « l’art est la beauté » et une « représentation du monde », suggérant plutôt que « l’art n’est jamais essentiellement une représentation; c’est la création d’un autre monde… un monde qui impose unité et sens au monde éphémère du quotidien. »Malraux a également abordé le problème de la façon dont des objets qui n’ont pas été créés à l’origine en tant qu’art mais sont devenus des œuvres d’art à notre époque, par exemple des images religieuses dans les cultures anciennes, en utilisant le concept de « métamorphose. » Ces écrits n’étaient pas bien compris. Comme le commente l’écrivain français André Brincourt, les livres de Malraux sur l’art ont été » beaucoup écumés mais très peu lus. »En conséquence, les commentaires critiques ont souvent trop simplifié et déformé leurs arguments.
Le dernier engagement politique de Malraux fut de soutenir le Bangladesh dans sa sécession du Pakistan en 1971.
Selon son biographe, Olivier Todd (Malraux : Une vie), André Malraux était atteint du syndrome de Tourette. En 1974, il écrit un mémoire émouvant, Lazarus, sur l’une de ses dernières maladies. Il meurt à Paris le 23 novembre 1976.
Le destin de l’homme
Écrit en 1933, La Condition humaine de Malrux, ou Le Destin de l’homme, est un roman sur l’échec de la révolution communiste qui a eu lieu à Shanghai en 1927, et les dilemmes existentiels auxquels sont confrontés un groupe diversifié de personnes associées à la révolution.
Résumé du tracé
Le roman se déroule sur une période de 21 jours principalement à Shanghai, en Chine, et se concentre sur la vie des insurrectionnistes socialistes. Les quatre protagonistes sont Ch’en Ta Erh (dont le nom est orthographié Tchen dans la version française du livre), Kyo Gisors, l’émissaire soviétique Katow et le baron De Clappique. Leurs difficultés individuelles sont étroitement liées tout au long du livre aux événements politiques qui se déroulent.
Chen Ta Erh est envoyé pour assassiner une figure d’autorité, réussit, et est plus tard tué dans une tentative d’attentat suicide ratée contre Tchang Kaï-chek. Entre les deux, il devient gouverné par le fatalisme, désirant simplement tuer et remplir son devoir de terroriste, qui prend le contrôle de sa vie. Malraux s’intéresse à la psychologie du meurtre. Il attribue le fatalisme de son personnage à sa proximité avec la mort et à sa réaction à devenir un assassin. Il est tellement hanté par la mort et son impuissance face à son inévitabilité qu’il souhaite mourir simplement et mettre fin à son tourment.
Kyo Gisors est le chef de la révolte qui croit que chaque personne doit choisir son propre sens et n’être gouvernée par aucune force extérieure. Il fait tout son possible pour garder le contrôle du pouvoir entre les mains des travailleurs plutôt que de l’armée du Kuomintang, tout en luttant pour résoudre un conflit entre lui et sa femme, May. Il est finalement capturé et fidèle à sa philosophie, il choisit de se suicider avec du cyanure dans un acte final d’auto-définition.
Katow avait déjà été exécuté une fois, pendant la guerre civile russe, et a été sauvé au dernier moment — ce qui lui donne un sentiment d’immunité psychologique. Après avoir été témoin de la mort de Kyo, il observe avec une sorte de calme détachement que ses camarades révolutionnaires sont sortis un à un, pour être jetés vivants dans la chambre d’une locomotive à vapeur qui attend à l’extérieur — avec l’intention, lorsque son tour viendra, d’utiliser sa propre capsule de cyanure. Mais en entendant deux jeunes activistes chinois parler avec une peur tremblante d’être brûlés vifs, il leur donne le cyanure (il n’y en a que pour deux), lui—même étant laissé face à la mort plus redoutable – et ainsi il meurt dans un acte de sacrifice de soi et de solidarité avec des camarades plus faibles.
Le baron De Clappique est un marchand, contrebandier et joueur obsessionnel français. Il aide Kyo à se faire couper une cargaison d’armes, et on lui dit plus tard que s’il ne quitte pas la ville dans 48 heures, il sera tué. Sur le chemin pour avertir Kyo, il se fait prendre au jeu et ne peut pas s’arrêter. Il considère le jeu comme un « suicide sans mourir. » Clappique est de très bonne humeur et de bonne humeur, mais souffre intérieurement. Il finit par s’échapper de la ville habillé en marin.
Thème principal
Le thème principal du roman est celui existentiel du « destin de l’homme » par rapport au choix de sa propre signification. Malraux a été fortement influencé par Fiodor Dostoïevski. Chacun des personnages principaux sert de méditation sur la relation entre être contrôlé à la fois par des circonstances externes ou des compulsions psychologiques internes d’une part, et choisir librement ses actions. Ch’en succombe à un fatalisme provoqué par la déshumanisation du meurtre, tandis que Kyo utilise les circonstances de sa capture pour exprimer un acte de liberté ultime. Katov choisit également la liberté lorsqu’il donne sa pilule de cyanure à deux autres prisonniers, acceptant ainsi le sort d’être lui-même brûlé vif, mais sauvant les deux autres hommes de la souffrance.
Héritage
Malraux a reçu un certain nombre d’honneurs et de récompenses pour son impressionnante collection de writings.In En 1933, il reçoit le Prix Goncourt de Littérature française pour La Condition Humaine.
Ses travaux sur la théorie de l’art, tels que Les Voix du Silence, contiennent une approche révolutionnaire de l’art qui a remis en question la tradition esthétique des Lumières et considère l’art comme bien plus qu’une source de « plaisir esthétique. »Son point de vue a ouvert une nouvelle façon d’apprécier et de comprendre l’art à la fois du monde moderne de l’art et du monde antique.
En 1968, une Société internationale Malraux est fondée aux États-Unis. Elle produit la revue Revue André Malraux Review Une autre société, les Amitiés internationales André Malraux, est basée à Paris et promeut ses œuvres.
Œuvres majeures
- Lunes en papier, 1923. (Lunes de papier, 2005)
- La Tentation de l’Occident, 1926. (La Tentation de l’Occident, 1926)
- Royaume-Farfelu, 1928. (Le Royaume de Farfelu, 2005)
- Les Conquérants, 1928. (Les Conquérants, 1928)
- La Voie royale, 1930. (La Voie Royale, 1930)
- La Condition humaine, 1933. (Man’s Fate, 1934)
- Le Temps du mépris, 1935. (Days of Wrath, 1935)
- L’Espoir, 1937. (Man’s Hope, 1938)
- La Psychologie de l’art, 1947-1949. (The Psychology of Art)
- Le Musée imaginaire de la sculpture mondiale (1952–1954) (The Imaginary Museum of World Sculpture (in three volumes))
- Les Voix du silence, 1951. (The Voices of Silence, 1953)
- La Métamorphose des dieux (The Metamorphosis of the Gods, 1964):
- Vol 1. Le Surnaturel, 1957
- Vol 2. L’Irréel, 1974
- Vol 3. L’Intemporel, 1976
- Antimémoires, 1967. (Anti-Mémoires, 1968 – autobiographie)
- Les Chênes qu’on abat, 1971. (Chênes Abattus / Les Chênes Tombés)
- Lazare, 1974. (Lazare, 1977)
Notes
- 1.0 1.1 1.2 Derek Allan, La Théorie de l’Art d’André Malraux – Défis à l’Esthétique traditionnelle, Malraux, Littérature et Art, 2010. Récupéré le 21 février 2011.
- Derek Allan, L’Art et l’Aventure humaine : La Théorie de l’Art d’André Malraux (Amsterdam: Rodopi, 2009), 21
- Revue André Malraux Review Consulté le 21 février 2011.
- Allan, Derek. L’Art et l’Aventure humaine : La Théorie de l’Art d’André Malraux. Amsterdam : Rodopi, 2009. ISBN 978-9042027497
- Cate, Curtis. André Malraux : Une Biographie. 1997. Fromm, 1998. ISBN 978-0880641975
- Galante, Pierre. Malraux. Le livre de Cowles Co., 1971. ISBN 978-0402124412
- Todd, Olivier. Malraux : Une Vie. 2005. ISBN 978-0375407024
Français
- Aubert, Raphaël. Malraux ou la Lutte avec l’ange: Art, histoire et religion. 2001. ISBN 2830910265
- Chanussot, Jacques et Claude Travi. Dits et écrits d’André Malraux : Bibliographie commentée. 2003. ISBN 2905965886
Tous les liens ont été récupérés le 17 novembre 2016.
- Malraux, Littérature et Art, Essais de Derek Allan
- Amitiés Internationales André Malraux
- Site littéraire André Malraux
Crédits
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