Distraction mandibulaire chez les nouveau-nés: une stratégie pour éviter la trachéotomie

Au cours des 5 dernières années, les auteurs ont développé une application de l’ostéogenèse de distraction mandibulaire pour éliminer la trachéotomie existante. Cette expérience a conduit les auteurs à tenter l’ostéogenèse par distraction mandibulaire chez les nouveau-nés comme alternative avant la trachéotomie. Le succès de cette approche utilisant des mesures objectives des voies respiratoires à l’appui a déjà été signalé. Ce rapport comprend six nouveau-nés diagnostiqués avec une séquence de Pierre Robin. Sur les six, cinq nouveau-nés âgés de 6 à 26 jours (en moyenne, 14,5 jours) ont été traités par les auteurs avec une distraction mandibulaire sur une période de 22 mois. Le sixième nouveau-né a été traité par trachéotomie, en raison d’autres anomalies des voies respiratoires. Les résultats comprenaient une rétrognathie, une glossoptose, une fente palatine incomplète et une obstruction des voies respiratoires chez chaque patient. Le poids à la naissance variait de 2,8 à 3,2 kg. Tous les patients étaient incapables de contrôler leurs voies respiratoires pendant l’alimentation, comme en témoignent des épisodes répétés d’étouffement et d’obstruction. Les saturations d’oxygène au repos étaient de l’ordre de 70 à 80% chez tous les patients, avec une détérioration supplémentaire lors de la tentative d’alimentation. La bronchoscopie a été réalisée chez tous les patients sous anesthésie avant la distraction. Une obstruction récurrente des voies respiratoires presque complète et intermittente complète était présente chez tous les patients au niveau de la base de la langue. Il y avait un consensus entre un intensiviste pédiatrique, un anesthésiste pédiatrique et un oto-rhino-laryngologiste pédiatrique dans tous les cas. Chaque patient répondait à tous les critères nécessitant une ventilation pour le maintien de la vie. Une trachéotomie serait nécessaire si l’ostéogenèse par distraction mandibulaire n’était pas réalisée ou si elle échouait. Les patients présentant d’autres anomalies des voies respiratoires n’ont pas été pris en compte pour le traitement. La dysharmonie maxillo-mandibulaire mesurée à la ligne médiane variait de 8 à 15 mm (moyenne, 11,2 mm). La distraction active a été réalisée à raison de 1 à 2 mm par jour, avec une période de consolidation de 4 semaines. La durée totale du traitement était inférieure à 6 semaines dans tous les cas. Tous les patients ont été extubés par la fin de la distraction active. La distance de distraction variait de 8 à 15 mm (moyenne, 12,4 mm). Tous les patients ont été renvoyés à domicile sur des moniteurs d’apnée, dont l’utilisation a été interrompue après 90 jours sans autres événements apnéiques. Les gains de poids ont atteint ou dépassé la moyenne de 500 g par mois après la distraction. La bronchoscopie au moment de l’élimination du distracteur a montré une correction de l’obstruction des voies respiratoires à la base de la langue. Les radiographies ont montré une ossification bilatérale des sites de distraction. La trachéotomie a été évitée dans tous les cas sélectionnés pour le traitement par distraction. La période de suivi des patients était de 9 à 22 mois. Chez certains patients de la séquence Pierre Robin présentant une obstruction des voies respiratoires à la base de la langue, l’ostéogenèse par distraction mandibulaire peut éviter avec succès la nécessité et la mortalité et la morbidité associées d’une trachéotomie à demeure.

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