Jean du Bellay

Du Bellay est né à Souday, deuxième des six fils de Louis, fils de Jean du Bellay, Seigneur de Langey, et de Marguerite, fille de Raoullet, baron du Tour-Landry. Quatre de leurs fils survivent à l’enfance, dont Guillaume, Martin et René. Ils eurent deux filles, Renée, qui épousa Ambroise Baron des Cousteaux, et Louise, qui épousa Jacques d’Aunay, Sieur de Villeneuvr-la-Guyart. Le fief du Bellay était situé près de Saumur en Anjou.

Il aurait fait ses études à Paris. Il est également spéculé, cependant, qu’il a étudié à l’Université d’Angers. Il était licencié en utroque iure (Droit civil et Droit canonique). Il était prêtre du diocèse du Mans. Il est nommé évêque de Bayonne par le roi François Ier, dont la nomination est approuvée par le pape Clément VII le 12 février 1524. Il occupe ce poste jusqu’à son transfert sur le siège de Paris en 1532. Le 2 mars 1533, le pape Clément accorda à l’évêque du Bellay le privilège de détenir de multiples bénéfices tant dans le diocèse de Paris que dans d’autres diocèses. Le roi François confirma cet indult le 1er octobre 1534. Jean du Bellay est remplacé comme évêque de Paris par son neveu Eustache, le 16 mars 1551, après que le cardinal Jean a été démis de ses fonctions par le roi Henri II.

Diplomate en Angletmodifier

Bien préparé pour une carrière diplomatique, il effectue plusieurs missions en Angleterre (1527-1534). Il est ambassadeur ordinaire de novembre 1527 à février 1529, date à laquelle son frère aîné Guillaume le remplace. Au départ de son frère, il est de nouveau ambassadeur, du 15 mai 1529 à janvier 1530. Il revint en mission en août-septembre 1530, et de nouveau, en tant qu’Ambassadeur extraordinaire, en octobre 1531. De retour à la Cour, il est immédiatement envoyé de nouveau en Angleterre le 6 novembre 1531. Il est de nouveau en Angleterre comme Ambassadeur extraordinaire en août et septembre 1532. Une rencontre entre les monarques anglais et français a lieu à Boulogne le 20 octobre 1532, à laquelle l’évêque du Bellay est présent, et immédiatement après les cardinaux Tournon et de Gramont sont envoyés à Rome pour négocier avec le pape Clément VII. Du Bellay retourne en Angleterre de novembre 1533 à janvier 1534. Dans cette dernière ambassade, il était de son devoir d’expliquer les accords passés entre François Ier et le pape Clément VII lors de leurs négociations à Marseille en octobre et novembre 1533.

Romedit

Il est ensuite envoyé comme Ambassadeur extraordinaire à la Cour pontificale à Rome (janvier-mai 1534). Sa mission dans les ambassades anglaises et romaines était d’empêcher la mise en œuvre du décret d’excommunication du pape Clément contre Henri VIII, qui était un allié précieux de la France contre l’empereur Charles. L’un des membres de la suite de du Bellay dans son ambassade à Rome était François Rabelais, qui effectuait le premier de quatre voyages à Rome. À leur arrivée à Rome, ils ont été logés dans la résidence de l’évêque de Faenza Rodolfo Pio di Carpi, le futur cardinal, qui venait de rentrer d’une ambassade papale à la Cour de France. Malgré tous les efforts de l’évêque, les agents impériaux, bien retranchés et vigoureux dans leur plaidoyer, influencèrent le Consistoire pontifical à voter pour approuver la sentence contre Henri VIII le 23 mars 1534. Le plaidoyer d’Henri d’attendre de nouvelles mesures jusqu’à ce qu’il puisse envoyer un procureur à la Cour papale — seulement une action différée — a été autorisé. Et donc l’exécution de la bulle d’excommunication a été temporairement suspendue.

En septembre 1534, le secrétaire de l’évêque du Bellay, Claude de Chappuys accompagna les cardinaux français qui se rendaient à Rome pour le Conclave qui suivit la mort du pape Clément VII. Là, les Cardinaux et Chappuys utilisèrent leur influence pour promouvoir la candidature de l’évêque de Paris au chapeau de cardinal. Ils étaient assurés que le nouveau pape, le pape Paul III, était favorable à leur importunement.

Cardinalemodifier

François Ier de France

Le 21 mai 1535, lors de son deuxième Consistoire pour la promotion des cardinaux, le pape Paul III crée sept nouveaux cardinaux, dont Jean du Bellay. Il est nommé Cardinal-Prêtre du titulus de Santa Cecilia in Trastevere le 31 mai. Son chapeau de cardinal lui a été envoyé en France le 3 avril. À partir du 27 juin, il fit le voyage à Rome, s’arrêtant à Ferrare pour des négociations avec le duc sur la guerre de Milan, puis se rendit à Rome, où il se présenta personnellement pour ses cérémonies d’intronisation au Consistoire du 6 août. Il avait cependant des raisons supplémentaires de se rendre à Rome. Il a été envoyé par le roi François pour demander l’aide papale contre l’agression de l’empereur Charles Quint dans la lutte pour le duché de Milan. Il était à nouveau accompagné de François Rabelais.

Le 21 juillet 1536, du Bellay est nommé  » Lieutenant Général  » du roi à Paris et en Île de France, et se voit confier l’organisation de la défense contre les impérialistes sous la direction du Comte de Nassau, qui, sous la direction de l’empereur Charles Quint, envahissent l’est de la France pendant que Charles attaque la Provence. Lorsque son frère Guillaume du Bellay se rend au Piémont, Jean est chargé des négociations avec les protestants allemands, principalement par l’intermédiaire de l’humaniste Johannes Sturm et de l’historien Johann Sleidan.

Dans les dernières années du règne de François Ier, le cardinal du Bellay est favorable à la duchesse d’Étampes, et reçoit un certain nombre de bénéfices : il est administrateur de l’évêché de Limoges sur nomination du Roi et avec l’approbation du pape Paul III le 22 août 1541 ; il occupe le diocèse jusqu’à la nomination d’Antoine Seguin le 13 août 1544. Il est nommé administrateur de l’archevêché de Bordeaux, et approuvé par le Pape le 17 décembre 1544 ; il occupe ce poste jusqu’au 3 juillet 1551. Il devient évêque du Mans le 1er novembre 1546 à la démission de son frère René ; il démissionne lui-même en juillet 1556.

Éclipse sous Henri III

Henri II de France

Le roi François Ier mourut le 31 mars 1547. Ses funérailles eurent lieu à Saint-Denis le 23 mai et furent présidées par le cardinal du Bellay. Avec la mort du roi François, cependant, l’influence du Cardinal au sein du Conseil fut éclipsée par celle de François de Tournon. Sa nièce et patronne, la duchesse d’Étampes est remplacée par la maîtresse du roi Henri, Diane de Poitiers. Les anciens favoris de la cour ont dû céder la place à de nouveaux favoris. Lorsque Henri II annonce son nouveau Conseil Royal (Conseil Privé), le nom de du Bellay ne figure pas parmi les treize conseillers admis à la réunion du matin, mais seulement (avec d’autres cardinaux, Bourbon, Ferrare et Châtillon) aux réunions qui ont lieu après le dîner. Les seuls cardinaux de premier rang étaient Tournon et Charles de Guise-Lorraine, archevêque de Reims. Du Bellay, ainsi que la plupart des conseillers de François Ier, se retrouvèrent exclus des décisions majeures. Du Bellay fut envoyé à Rome (1547) pour superviser les affaires françaises devant le Saint-Siège. Il n’était pas ambassadeur de France ; ce rôle appartenait à Claude d’Urfé (1501-1558). Dans une lettre du 29 avril 1549, le secrétaire d’État, du Thier, se plaignit au roi que les lettres de Rome de du Bellay étaient volumineuses, mais ne contenaient pas un seul mot de fond. Son poste de représentant de la France a été annulé lorsque le cardinal de Ferrare, Ippolito d’Este est arrivé à Rome. Du Bellay se plaignit amèrement au roi dans une lettre du 23 août 1549. Il rentre en France.

Après la mort du pape Paul III en novembre 1549, le cardinal du Bellay se dirige à nouveau vers Rome. Lui et les autres cardinaux français ont été envoyés par Henri II, qui a également envoyé des lettres à Rome, menaçant de causer des ennuis si les cardinaux à Rome n’attendaient pas les cardinaux français avant de commencer le Conclave. Du Bellay obtient huit voix lors du conclave pour élire le nouveau pape. C’est remarquable, car il y avait plus de vingt cardinaux dans la faction française. De toute évidence, il n’avait pas la faveur du roi de France. Les principaux candidats étaient Reginald Pole, Giovanni Morone et Gian Pietro Carafa; le cardinal du Bellay n’était pas papabile. Le 25 février 1550, il est promu évêque suburbicaire d’Albano par le nouveau pape, Jules III, en remplacement du cardinal Ennio Filonardi, décédé pendant le Conclave.

Catherine de Médicis

Lorsque le cardinal du Bellay rentre en France après le Conclave, il s’installe dans sa villa à l’italienne à Saint-Maur, à une dizaine de kilomètres au sud-est de Paris, où il fréquente Rabelais, Macrin, Michel l’Hôpital et son jeune cousin Joachim du Bellay. Le roi Henri II frappa à nouveau en 1551, le renvoyant du siège de Paris. Catherine de Médicis était une visiteuse fréquente et, en 1563, elle acheta le Château du Bellay à ses héritiers.

Après trois années tranquilles passées à la retraite en France (1550-1553), le Cardinal fut chargé d’une nouvelle mission auprès du Pape Jules III. À Rome, il découvrit que les impérialistes contrôlaient partout, et il fut choqué lorsque, le 11 décembre 1553, le Cardinal Carafa reçut le Siège d’Ostie et la charge de Doyen du Collège des Cardinaux, qui, selon Du Bellay, aurait dû être la sienne. Il se plaignit dans une lettre du 22 décembre 1553 au connétable de Montmorency.

Le Cardinal du Bellay continua à vivre à Rome dès lors en grand état. En 1555, il est nommé évêque d’Ostie et doyen du Collège des Cardinaux, pour occuper le poste laissé vacant par l’élection du cardinal Giovanni Pietro Carafa à la Papauté sous le nom de Pape Paul IV. La nomination est désapprouvée par Henri II et met du Bellay dans une nouvelle disgrâce.

Paul IV meurt le 18 août 1559 après un règne controversé de quatre ans, deux mois et vingt-sept jours. Le Conclave pour élire son successeur a eu lieu ses cérémonies d’ouverture le 5 septembre 1559 en présence de quarante-quatre cardinaux. Le 6 septembre, le Cardinal du Bellay, doyen du Collège des Cardinaux, a célébré la Messe du Saint-Esprit, puis le Conclave s’est calmé à une conduite tranquille des affaires. Ils ont terminé les capitulations électorales le 8 septembre, et les bulles se référant aux règles du conclave ont été lues le 9 septembre. Du Bellay, cependant, était malade et n’assista pas à la lecture. Lors du premier examen, qui s’est tenu plus tard dans la journée, il a dû voter depuis son lit de maladie. À partir du 26 septembre, divers ambassadeurs, dirigés par l’Ambassadeur d’Espagne, sont apparus à l’entrée de la zone du Conclave et ont harangué les cardinaux à l’intérieur sur la nécessité de faire élire un pape. La sécurité était si mauvaise que le 2 octobre, les cardinaux nommèrent un comité de réforme, avec Du Bellay à sa tête, pour rétablir l’ordre. C’était inefficace. Le 9 octobre, les agents connus des Pouvoirs et un nombre considérable de conclavistes ont été expulsés. Le 1er novembre, il y avait quarante-sept cardinaux au Conclave, dont cinq confinés au lit. Dans l’après-midi du jour de Noël, après de nombreuses tractations politiques, les cardinaux se sont finalement contentés du cardinal Giovanni Angelo de Médicis, élu par acclamation. On lui a demandé s’il consentirait à un examen le lendemain matin, et il a accepté, à condition qu’il soit reconnu qu’il avait été valablement et canoniquement élu le 25. Il choisit le nom de trône Pie IV. Le cardinal du Bellay était absent.

Décèmemodifier

Le cardinal Jean du Bellay est décédé à Rome le 16 février 1560 à 13h30, heure de Rome, dans ses jardins des Thermes de Dioclétien. Il a été enterré dans l’église de la Santissima Trinità dei Monti. Comme il était mort à Rome, la nomination à ses bénéfices libérés, selon le Concordat de Bologne de 1516, appartenait au Pape et non au Roi. Le pape Pie IV le rappela à Henri II dans une lettre du 9 août 1560. C’était l’une des principales raisons pour lesquelles les rois de France ne voulaient pas que leurs cardinaux très richement avantagés résident à Rome; en conséquence, lorsqu’un Conclave devenait nécessaire, soit le parti français n’arrivait pas à temps, soit ne prenait pas la peine de venir du tout. Comme ils étaient inconnus de la plupart des cardinaux, ils étaient rarement des candidats sérieux à la charge papale.

Le Dernier Testament et le Testament de Du Bellay furent contestés, et ses proches se disputèrent diverses parties de l’héritage. La sœur du Cardinal, Louise, qui avait reçu les biens du Cardinal encore conservés au Palais épiscopal de Paris, pour assurer sa revendication de l’héritage, fit don des antiquités du Cardinal à la Reine Mère, Catherine de Médicis.

Appréciationmodifier

François Rabelais

Moins résolu et fiable que son frère Guillaume, le Cardinal avait des qualités brillantes, un esprit ouvert et libre. Il était du côté de la tolérance et protégeait les réformateurs. Guillaume Budé était son ami, François Rabelais son fidèle secrétaire et médecin ; des hommes de lettres, comme Etienne Dolet, et le poète Salmon Macrin, lui étaient redevables de son aide. Orateur et auteur de vers latins, il a laissé trois livres de poèmes latins gracieux (imprimés avec les Odes de Salmon Macrin, 1546, par Robert Estienne), et quelques autres compositions, dont Francisci Francorum regis epistola apologetica (1542). Sa volumineuse correspondance, en cours de publication, est remarquable par sa verve et sa qualité pittoresque.

Du Bellay et François Rabelaismodifier

Rabelais se rend fréquemment à Rome avec son ami le cardinal Jean du Bellay, et vit pendant une courte période à Turin avec le frère de du Bellay, Guillaume, pendant laquelle François Ier est son protecteur. Rabelais a probablement passé un certain temps dans la clandestinité, menacé d’être qualifié d’hérétique. Seule la protection de du Bellay sauva Rabelais après la condamnation de son roman par la Sorbonne. Ils ont mis Gargantua et Pantagruel à leur index en 1542, le Troisième Livre en 1546-1547 et le Quatrième Livre en 1552.

Rabelais était surveillé par l’Église en raison du caractère  » humaniste  » de ses écrits. L’œuvre principale de cette nature de Rabelais est la série Gargantua et Pantagruel, qui contient beaucoup de messages allégoriques et suggestifs.

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